lundi 8 octobre 2012

Névrose: Maladie la plus répandue sur Terre, aucun médicament utile ne peut être prescrit. Du à un fort trouble psychique non résolu. Fléau moderne. Parce qu'on le veut bien.





On paraît enchaînés autour de véritables paradoxes. Autour d'une force transcendantale qui nous guide sans nous captiver.

Le monde court trop vite, et nous, on n'a pas les bonnes chaussures.
Mises à jour, innovations, naissances, morts. Nouveautés, obsolescence. Sans vouloir faire de la technophobie, ni même de la cristallisation dans un environnement inutile sans son mouvement, il arrive de temps à autres qu'on s'essouffle.
L'essoufflement, c'est la perte. De soi, de goût, des autres. Comme si notre corps divaguait sans qu'on soit vraiment nous mêmes. Un abandon de l'esprit, le plus souvent enfermé dans une bouteille de vodka.
Un jour on part à la fac le matin, et les actions quotidiennes bénignes deviennent lourdes, comme des boulets que l'on traîne. Comme d'habitude on prend un café, puis 2, puis 3. On vit sur les nerfs on ne s'arrête plus. Parce que le monde va trop vite, on n'a pas le temps de prendre de pause.
On vit en parallèle aux autres. A côté sans être ensemble. On maudit la terre entière, la fourmilière dans le métro notamment.
On se pose des questions, se pense névrosé, réfléchit puis se dit que non, on est au dessus de la masse, qu'on va s'en sortir, courir plus vite, aller plus loin. Se dépasser.

Alors on est ambitieux. On veut aller au delà de la masse immonde qui nous entoure. On veut traverser ces étapes de choix, d'études, de projets banals mais vitaux. On se dit qu'on sait ce qu'on veut. Travailler dans la communication, écrire, prendre des photos. Immortaliser l'instant, parler, converser. Tisser des liens, faire croire, persuader convaincre. On veut informer, penser à bien. On est optimiste, et en sortir de ces informations bidons qui nous bluffent encore et encore. On se dit qu'on est l'avenir. On essaie d'y croire et on y travaille en tout cas.

Et puis on a des pairs. Pour le meilleur, mais surtout pour le pire. Parce que les névroses ne sont pas contagieuses, mais largement transmissibles. Vous savez, comme une pensée. Le nazisme n'était pas une maladie infectieuse à cause d'une bactérie chopée dans l'air. Seulement le résultat d'une personne plus convaincante que les autres au sein d'une masse. La rébellion existe, la résistance aussi. Mais généralement l'effet de groupe devient hélas le plus fort.
Nos problèmes minimes sont donc amplifiés, on s'en invente de nouveaux. On entend dire qu'on doit aimer, coucher, boire. Alors on boit, on couche, et on essaie d'aimer. Certains y parviennent. Et d'autres s'entêtent que c'est la lutte majeure, The pursuit of happiness et se bloquent dans ces pensées qui deviennent les pires névroses envisageables. Les convaincus prêchent les sceptiques. Les sceptiques (et il ne s'agit de pas de Descartes), écoutent et flippent. Un raz de marée de la névrose survient. Pleurs, larmes, rires, confessions. On parle de tout sauf du fond du problème. Parce qu'il n'existe pas. On s'invente des fausses crises, parce que c'est la mode d'être malheureux. On s'entête qu'à 21 piges, sans mecs, c'est la vieille fille assurée. On s'entête qu'à 20 ans, en couple, c'est séparations et déchirures assurées. Et on ressasse.

On est dépassés bien trop souvent. On ne comprend pas. On se retrouve dans des situations, des endroits, sans qu'on ait bien pu le voir venir. Le monde et nous avançons à l'unisson dans un rythme intenable.
On parle de l'iphone 4S, on n'a même pas le temps d'économiser que le 5 est déjà sorti.
On  nous pousse à la consommation, à la débauche, aux études, à la débauche encore. On nous pousse à vouloir des choses qui devraient nous être absurdes. Les "on", c'est nous. Tous. Toi, moi, les adultes, eux, les autres. Les gens payés pour nous infliger des désirs qui nous affligent comme dirait Souchon.

On est à la fois Cigale et Fourmi. Sortir, pour oublier qu'on doit bosser. Bosser, pour pouvoir se permettre de sortir. Sortir, pour tenter de connaître ou on vit, pour savoir dans quoi on veut bosser. On est paradoxaux, névrosés, psychotiques. On carbure aux antidépresseurs.

On cherche, on pense, on oublie.


Puis un jour on songe que c'est la bonne. Qu'on la tient. La personne, la carrière, l'envie, l'idée. La motivation, l'ambition, la passion. Un espoir au moins.

Quand on aime on ne compte pas, on ne compte plus. Le seul remède c'est l'amour. L'amour d'une vie, d'une activité, de l'altérité ou d'un alter-égo. C'est indénombrable comme terme, et applicable universellement. Pour des concepts, des objets, des gens, des idées.

Et ça, ça nous fait vivre.


 Thérapie de groupe, passion du sourire, amour des autres. Vis ma vie de névrosée par intermittence.