samedi 19 octobre 2013

La Gasque internationale. Ou l'étrange rencontre des traditions suédoises avec les étudiants internationaux.

Image de la pré-gasque, pour un aperçu de tenues. Ps: Mon appareil photo ne s'est malheureusement pas rendu à l'évènement.


Comme j'ai pu en parler auparavant, en Suède, ou du moins à Uppsala, très peu de choses sont improvisées. La plupart des soirées sont programmées longtemps en avance, les moments de digression sont planifiés telles les publicités pendant le superbowl. Il n'est donc pas étrange que parmi ce manque de spontanéité, il existe des milliers de traditions. J'ai déjà parlé du fika, des nations, je parlerais peut-être du Flogsta scream plus tard, mais ici, on va parler des gasques. Ne me demandez pas la signification exacte du mot je n'en ai pas la moindre idée. Ce que je peux en revanche tenter d'expliquer est qu'il s'agit d'une excuse pour boire beaucoup, danser pas mal, copuler fréquemment, rencontrer des gens, et surtout, s'habiller en tenue de cocktail. Parce qu'il est de ces coutumes en Suède, ou les étudiants, les adultes et toutes les personnes qui en sont en capacité se mettent sur leur 31 a de très nombreuses reprises.

D'ailleurs trouver des robes de soirées et des costumes en Suède est aussi simple que se de se procurer des jeans en France. Il est d'ailleurs plus simple de s'acheter des chaussures de soirée que des bottines. 
Les semaines avant les gasques se font d'ailleurs ressentir par cet amoncellement de paillettes et de talons dans les vitrines de Stora Torget.
En fait, c'est un peu comme pour le nouvel an en France. Sauf qu'il y a environ 5 à 6 gasques par semestre selon les nations.
Si j'ai loupé celle de bienvenue aux nouveaux étudiants (parce que les prix sont ridiculement élevés), je n'allais en revanche définitivement pas manquer la gasque internationale. Soit celle organisée par le comité étudiant, et non pas les nations, et ou seuls les étudiants internationaux sont conviés. D'ailleurs, il aurait été un peu compliqué de la manquer étant donné qu'on nous a sauté dessus le jour de notre arrivée en brandissant les tickets parce que, je cite "It's gonna be the biggest party of the semester, I swear, you don't want to miss it". Et il faut avouer qu'ils ont une audience plutôt réceptive. Quand on vient d'arriver dans un nouveau pays, qu'on a patienté des heures à l'aéroport puis parcouru la ville,  il y a des chances qu'on ai vraiment la volonté de s'amuser et de rencontrer des nouvelles personnes et des nouvelles coutumes. Dans le cas opposé on serait simplement resté sous la couette. Résultat on achète le ticket et on a trop hâte que cette soirée arrive pour rencontrer plein de gens ! Mais là surprise, la gasque est en fait le 18 Octobre, alors j'espère sincèrement que la plupart n'ont pas attendu cette date pour parler aux étudiants internationaux (qui sont entre parenthèses absolument fantastiques).
Résultat, ça paraissait tellement loin que beaucoup d'entre nous ont du vider l'intégralité de leurs sacs à main pour retrouver ce petit ticket vert. Une fois retrouvé on est enfin prêt; après 2 mois à rencontrer des gens et à parcourir la ville de nations en nations; à recevoir notre soirée de bienvenue.

Ce qui est super avec les suédois, c'est qu'ils ont tendance à sous-estimer les internationaux, ou, à sur-estimer les quantités d'alcool qu'ils proposent vraiment pendant ces soirées. Ainsi, après nous avoir recommandé de venir le ventre plein de nourriture et surtout vide de tout alcool depuis minimum 72heures, on a le droit à un petit verre de champagne pour la bienvenue. Heureusement, ce vendredi 18 octobre était également l'anniversaire d'un copain ce qui nous a permit de faire l'inverse des recommandations. Qui plus est, après deux mois, on parvient enfin à s'accoutumer aux soirées qui commencent à 17h30, et donc, à faire des before-soirées à partir de 16h (mais uniquement pour les grandes occasions).
L'idée était brillantissime étant donné la faculté des suédois à vérifier les invitations et les ID pendant 37 minutes chacun. Ainsi, ça nous a permis de survivre dans la queue immense, dans des températures plutôt frigorifiques (voire congélatiques).

Une fois à l'intérieur, il serait malhonnête de se dire que le jeu n'en valait pas la chandelle. Tous tes amis, et tous ceux qui seront bientôt tes amis sont absolument tous magnifiques, surtout quand on a eu l'habitude de les voir en jeans et converse. La salle est également plutôt chouette, et le vestiaire est gratuit (non, vous ne rêvez pas). Après avoir bu notre verre de champagne inclut dans le prix de la soirée (et subtilisé 2 ou 3 autres), il est l'heure de monter, trouver notre table. Parce que ce qui est rigolo, c'est qu'ils avaient vraiment pour objectif qu'on se rencontre, qu'on parle entre nous et qu'on ne reste pas coincé dans nos connaissances (si vous avez lu mon article précédent, vous savez donc que pour que les suédois se parlent, il faut soit les y forcer, soit les saouler. D'où les gasques, qui font les deux). Ainsi, chacun avait une place attitrée, entre deux personnes du sexe opposé, et en face du sexe opposé également.
Je pense d'ailleurs que les nations étudiantes se reconvertissent en site de rencontre à leurs heures perdues.

Comme c'était largement prévisible à cette période de l'année, à ma table, il y avait pas mal de personnes que j'avais déjà rencontré. Cependant, mes voisins, aussi charmants puissent-ils avoir été, m'étaient encore inconnus. Jusqu'à hier, cela va sans dire.
Ainsi, une fois assis, nous avions 3 heures à notre guise pour papoter, rire, s'encanailler, et écouter les nombreux discours et spectacles proposés sur l'estrade. L'autre partie importante des gasques, c'est le côté chanson. Régulièrement, on devait chanter des paroles en suédois, puis, boire un espèce de liquide étrange, très fort appelé Snaps. Ignoble, mais plutôt amusant. Et plutôt efficace pour nouer des contacts. Après le plat principal, les gens distants d'apparence se retrouvent à s'enlacer et tous s'aimer les uns les autres. Comme les étudiants internationaux sont plutôt sociables, je suppose que lors d'une gasque entre suédois, cette étape aura simplement permis à prononcer leur prénom à voix haute pour faire connaissance avec son joli voisin. Quelle perte de temps, vous me l'accorderez.

Lorsque pendant les gasques, on a le point de vue de la fille en couple, s'en est presque plus marrant. Déjà d'une parce que nos voisins s'en tirent les cheveux, et de deux, parce qu'observer les instincts animaux des Erasmus est devenu mon passe temps favori. Cependant, j'ai signé une charte invisible qui dit que ce qui se passe entre Erasmus devrait y rester, d'où la raison pour laquelle je vais faire une ellipse, et censurer une partie de la soirée.

La gasque internationale, c'est faire ce que Flogsta n'a pas réussi à faire par manque de place. C'est réunir dans la même pièce, 400 étudiants internationaux, ou presque, pour leur montrer comment oublier le froid suédois. Et pour dire la vérité, c'est plutôt efficace. Parce qu'à deux heures du matin, en sortant de V-DALA nation (j'aurais oublié dans quelle nation on était si je n'avais pas ce tatouage vert V-DALA incrusté sur mon poignet depuis hier); le sol était givré, les selles de vélo également, sans parler des cerveaux- mais les corps, eux étaient au chaud.
Quand à Uppsala, je pense qu'elle se souviendra de cette nuit, ou 400 amis cherchaient un endroit pour terminer la soirée...

dimanche 6 octobre 2013

Kanelbullar dagen.


Le fameux Kanelbullar. En fête cette semaine


Vendredi après midi, après une journée sans cours, ce qui est assez impressionnant, j'ai retrouvé mon ami Félix, qui est accessoirement un des seuls suédois qui prend plaisir à trainer avec des nationalités différentes. En l'occurrence moi. Alors qu'on devait aller prendre un fika dans un des cafés les plus cools de la ville, on est tombés sur cette affiche et cette réalité : On est le 4 Octobre, c'est la journée du bun à la cannelle (kanelbullar). Cette petite merveille n'est autre qu'une pâtisserie typiquement suédoise, à savoir composée intégralement de beurre, de sucre et de cannelle. Rien à voir avec notre très cher kouignamann cependant. Le résultat de cette journée est que tous les cafés de toute la ville proposent ces merveilles caloriques pour des prix bien plus raisonnables et l'intégralité d'Uppsala sentait la cannelle. Heureusement que je suis sortie, un peu plus je restais chez moi toute la journée à faire ma fainéante avant l'anniversaire de Kike, un ami espagnol le soir.

Qu'il s'agisse des odeurs ou simplement de nos humeurs, avec Félix, on en est venus à parler sur la sociabilité, et les coutumes sociales des différents pays. Globalement, j'ai parlé du cas français, et il m'a expliqué le cas suédois, qui est en soi, très difficile à comprendre. Si j'ai réussi à l'aborder le jour ou l'on s'est rencontré, l'alcool a joué pas mal en ma faveur visiblement pour ouvrir l'esprit curieux et social de mon interlocuteur (Apparemment mes yeux aussi, mais c'est un détail sur lequel je ne reviendrais pas forcément).
Il m'expliquait donc que les suédois ne vivent d'une part que très rarement en mixité. Lorsqu'ils se font des weekends la seule manière pour eux de vraiment se lâcher et s'amuser étant qu'il n'y ait aucune fille dans le coin. Sinon le côté séduction entre instinctivement en jeu et le côté fun disparaît. Il expliquait littéralement d'ailleurs, qu'avec les filles, la spontanéité n'est pas à l'ordre du jour. Les gestes sont programmés, les paroles aussi, et l'apparence physique parfaitement contrôlée.

 Parce que c'est ça le point clé, les suédois sont des êtres de contrôle. Accros au sport, ils ne laissent rien au hasard quand il s'agit de leur corps. Toujours bien habillés, bien maquillées pour les filles, on ne verra jamais une suédoise en gros jogging à l'université, ou aux courses un dimanche matin. Il y a les américaines pour ça, pas de panique. Même les tenues de sport sont sexys, mais pas trop, pour les filles, et viriles et sensuelles pour les hommes. Il doit être tellement épuisant de ne jamais se laisser aller ! Quand j'en ai fait part à Félix (après lui avoir répété des milliers de fois qu'il avait un nom de chat d'ailleurs) il m'a rassuré en me disant que c'était dans les moeurs et qu'après avoir toujours vécu de la sorte, ils n'avaient plus besoin de faire d'efforts.
 Pour eux, la classe est maître mot. Les suédois sont des as du contrôle de soi. C'est comme s'ils subissaient une lobotomie à la naissance.

D'ailleurs, je pense réellement que c'est ce qu'il se produit pour que jamais personne ne se rebelle sur les restrictions absurdes imposées par le gouvernement: l'alcool est prohibé absolument partout sauf au domicile, mais les prix sont abusivement élevés de toute manière alors l'ébriété aussi est contrôlée. Fumer dans la rue est presque interdit également parce qu'il faut impérativement être à plus de 20m de n'importe quelle entrée de propriété ou lieu public. Les taxes imposées aux travailleurs sont ridiculement élevées. Bon, apparemment les salaires aussi. Les prix défient toute concurrence: aucun pays, à part la Norvège peut-être n'est aussi cher dans TOUS les domaines de vie quotidienne: loyers, courses, sorties, shopping, électricité. Et les suédois acceptent ça parce qu'ils sont absurdement patriotiques. Évidement, faire remarquer cela en tant que française, j'aurais du m'en douter, ne peut que me retomber dessus parce qu'on prétend être un état providence mais on ne fait que renforcer les inégalités. Et comme il n'existe pas de solutions durables pour notre pays, les gens se plaignent sans arrêt et brûlent des voitures.
C'est, sur que j'aurais mieux fait de me taire.
J'ai simplement répondu qu'à Uppsala, on ne risquait pas de brûler de voitures, étant donné que tout le monde se déplace en vélo.

CQFD: Un parking suédois. Mon vélo est d'ailleurs le plus cool.

Mais cette manie de vouloir toujours tout contrôler a des limites. Elles s'appellent les imprévus. Parce que oui, face au changement et aux affects sentimentaux et psychologiques, ils se retrouvent comme des enfants un peu perdus et appelant leur maman. Félix me racontait qu'une copine à lui avait un rencard l'autre jour et qu'elle paniquait à l'idée de ne pas savoir quoi dire. Ils s'étaient rencontrés à une soirée alcoolisée. Parce que l'alcool est la seule solution pour qu'ils baissent la garde. Au lieu de suggérer de laisser aller, et d'être simplement naturel, la seule suggestion envisageable était de boire un shot de vodka avant le rendez-vous. Ce qui est quand même dommage. L'ennui c'est que c'est comme ça à chaque instant. Les suédois, si on les rencontre en soirée vont paraître adorables, mais le lendemain simplement t'ignorer parce qu'ils n'ont aucune idée de comment se comporter avec des étrangers, ou presque.
Comme j'aime les challenges, j'ai cependant décidé d'apprivoiser le suédois. C'est vachement drôle, mais on a besoin de patience, beaucoup de patience. J'ai réussi avec quelques uns quand même, ne soyons pas négatifs.
Jeudi dernier par exemple, on était invités des amis et moi à un repas suédois dans une maison. Oui, j'ai bien dis une maison. Première fois que je viens dans un logement de plus de 20m2 depuis que je suis là. Après avoir mangé des chips diététiques et bu du blueberry juice on a même eu le droit au typique suédois: le jaccuzzi. Dommage qu'il ne neigeait pas encore, parce que quand il fait vraiment très froid dehors c'est encore plus formidable.


Sinon, j'apprécie toujours mon voyage ici. Je rencontre toujours autant de personnes du monde entier et s'incruster partout est d'une simplicité monstrueuse. Comme on est énormément d'étudiants internationaux, il y a plus ou moins des anniversaires toutes les semaines. Vendredi, c'était une soirée Espagnole. Ce qui est plutôt chouette parce que pour une fois, on ne commence pas à 18h. Enfin si, mais on a eu l'occasion de faire une pré soirée, avec Félix qui a voulu me montrer la manière dont ils se décoinçaient. Plutôt efficace. Un peu moins si on avait prévu de faire quelque chose le lendemain.
J'ai également appris à danser à mon amie Libby, ce qui est assez étrange étant donné mon propre niveau. Mais c'est plutôt marrant de se sentir douée 5 minutes. Je me suis réhabituée à parler anglais, parce qu'avec la semaine dernière et mon amie Flavie, à part faire google translation, mon anglais n'avait pas tellement progressé. Enfin, j'ai voulu souhaiter un joyeux anniversaire en Espagnol, j'ai parlé suédois.

A bientôt, pour de nouvelles aventures !