mercredi 7 janvier 2015

World, bloody world

J'avais un peu délaissé ce blog, par manque de temps et d'envie. Mais aujourd'hui putain, j'ai le stylo qui saigne. 


Dans quel monde vit-on ? De quel droit peut-on objectivement se battre contre la plus belle des libertés, la base de la démocratie et le plus grand combat que l'humanité n'ait jamais gagné. Pour quelle raison s'en prendre à l'expression ? Il serait plus justifiable de la généraliser. Plus justifiable de l'exporter. Pourquoi cherche-t-on à l’ôter ?
Quels qu'en soient les raisons, les motivations, un assassinat n'est jamais pardonnable. Une haine ne devrait jamais conduire à la suppression de la vie. 

Nous sommes en 2015, j'ai terminé mes partiels cet après midi et au lieu de chanter "Libérée, délivrée" de la reine des neiges je saigne. Mon coeur, ma conscience, mes croyances saignent. Le monde ne tourne plus rond. Les haines ont pris le dessus sur les rationalités, les intérêts personnels justifient la barbarie et les stéréotypes nous conduisent à des actes abominables.
Un viol, une abomination. Supprimer ceux qui osent s'exprimer. Ceux qui oeuvrent au quotidien et sont des symboles de la liberté de la presse, de la liberté d'expression. Supprimer ceux dont les convictions, les persuasions permettent au public chaque semaine d'avoir une vision différente du monde. 
Rien ne saurait justifier le meurtre. Et aujourd'hui ce sont 12 personnes qui sont mortes, c'est une foi en l'humanité qui est partie, c'est une liberté qui est ébréchée. 
Mais pour la mort d'un journal, l'économie est plus efficace que les fusils. 

On ne s'attaque pas à la liberté. On ne s'attaque pas aux innocents. 
On ne fait pas taire quelqu'un en lui arrachant les cordes vocales. 
On ne fait pas taire un journal avec des revolvers. On n'arrêtera pas la liberté d'expression.

Il n'est rien d'imaginer l'événement dans son actualité. Il est horrible de songer aux pertes que le monde de la presse va subir au quotidien, de l'amputation dont les familles ont été victimes. Et de la haine que l'événement va procurer entre les peuples. 

J'ai mal à mon monde. J'ignore comment l'humanité se complait dans l'adversité. J'ignore pourquoi le sang coule à flot à la place de l'encre.

Bien trop de gens sont morts pour la liberté. 
Pourquoi supprimer ceux qui se battent pour la conserver ? L'expression est un droit et un besoin, c'est fondamentalement les bases de ma société. C'est une chance que tous les Etats ne connaissent pas. La presse libre est la plus grande fierté d'un pays. On peut critiquer l'Etat, on peut détester les politiques, mais il n'est rien de plus louable que de laisser s'exprimer les satiriques. De laisser les voix s'élever quelles que soient les paroles évoquées. 

Je ne sais même plus quoi dire tellement j'ai le coeur au bout des doigts. J'ai le stylo qui brûle, j'ai la voix qui flambe, j'ai l'expressivité à fleur de peau. 

J'en retiendrai la lâcheté de l'arme à feu. La lâcheté de la violence. J'en retiendrai que la seule force véritable ici, c'est celle du stylo. Celle qui réunit, qui consterne. Celle qui fâche parfois mais celle qui fait du bien. Celle qui fait qu'on vit dans un pays libre. Cette force qui oeuvre à rendre la société instruite et civilisée. La force qui à priori n'est pas encore assez développée.

On ne sait pas à quoi est dû cet événement. On ne peut que se doter d'hypothèses, songer à des possibilités. On met des mots sur des incertitudes. L'incertitude provoque la crainte, et la crainte provoque de vilaines choses. La peur de l'inconnu, de la différence, nous entraine au rejet, "l'horreur c'est les autres". Si les circonstances n'étaient pas assez horribles, elles vont déboucher sur des conséquences bien plus désastreuses. La généralisation des stéréotypes, la généralisation de la haine. Le retour sur des détestations mutuelles, des rejets sans fondements. L'intolérance est alimentée par la connerie humaine. 

La connerie se regroupe et l'union fait la force. L'avenir est sombre, les pavés sont rouges, les coeurs sont noirs. 

Espérons que la solidarité l'emporte dans la réflexivité. Que le rationnel prenne le dessus sur le sentimentalisme qui poussé dans ses retranchements débouche sur le contraire de l'amour. Entre l'amour et la mort il n'y a qu'un pas. Pour l'amour des mots certains sont morts. 
Espérons que pour l'honneur de l'Homme, l'union fasse la force, mais pas dans les clichés. Que l'union soit faite sur la préservation de la loyauté, de l'expression et de la liberté de penser. Que l'union créé une intelligence collective et non pas une animosité raciale. Il n'est de suppositions que de mensonges, la vérité se trouve au fond des coeurs, et dans l'objectivité de la ressemblance. Ne tombons pas dans le piège de la facilité, ne tombons pas dans l'engrenage de la violence. De quelconque forme soit-elle. 


Personne ne mérite de mourir pour avoir pensé. 
Personne ne mérite que la pensée commune soit radicalisée.


 Ce soir je suis Charlie, pour toujours je suis la liberté d'expression.