mardi 26 juin 2012

Et si on était tous voués à l'échec ?




Il y a des jours comme aujourd'hui où j'ai tendance à me poser beaucoup de questions.
On est le 26 juin, il fait un temps catastrophique et ça me rend triste, c'est peut être la raison de ce message, qui sait ?

On vit dans une société pessimiste et alimentée par la peur. Des fois, ça joue sur le moral. Au fur et à mesure du temps, des échecs globaux, des remarques désagréables, des prises de conscience dont on se serait bien passé, on débouche sur une conclusion: l'homme est voué à l'échec. D'un côté c'est évident non? Vous connaissez des histoires qui finissent bien vous ? Tout le monde naît en sachant qu'il va mourir un jour. Alors évidemment, c'est comme ça, s'il y a des naissances, il y a des décès, sinon on serait trop et ça serait une sacrée catastrophe. Soit. Mais notre société alimentée par la peur et les actualités déprimantes nous rappellent de jour en jour qu'il est bien plus facile de mourir que de naître.
Jour après jour on nous met au pied du mur, face à face avec l'échec, le malheur et la psychose. Ce n'est pas étonnant que tant de gens finissent au fond du trou, le cerveau anéanti, les capacités réflexives en moins, la dépression en plus. Et si un jour, la joie de vivre disparaissait de chacun pour se transformer en laissé aller fataliste ?

L'échec est partout, et on ne cesse de nous le faire remarquer. Un enfant en difficulté est considéré comme un échec, une carrière non-épanouissante aussi. Une maison inachevée, des fins de mois difficiles, un célibat trop long, la stérilité, la maladie, le désespoir et le malheur sont considérés comme des échecs. On est face à l'échec lors d'un refus après un concours, lors des résultats de semestre, lors d'une confrontation qui tend à l'humiliation.
Bien sur il est possible et envisageable de relativiser ces échecs qui s'accumulent pour soit disant nous rendre plus fort. Mais notre société est fataliste, déprimante et effrayante. On cultive la peur et la névrose. On cultive la dépression et l'impuissance.

D'une part les choix à faire sans arrêt. On nous impose des décisions qui nous dépassent et qui nous démotivent. Trop jeunes, trop tôt on est face à des situations complexes et incompréhensibles. A savoir choisir son futur emploi. D'autant plus qu'on nous rabâche depuis le CE1 que notre génération ne connaîtra ni stabilité de l'emploi, ni cohésion entre études et activité réelle. Alors on fonce les yeux fermés. Parce qu'on aime bien écrire et s'informer (On lit déjà le journal à 16 ans, trucs de dingues) on va en InfoCom, on aime bien on trouve ça chouette, on fait même des stages. Et quand il devient trop tard pour changer, qu'on commence à apprécier et acquérir des compétences, on nous met face à la réalité dans un article: La communication, le journalisme, le marketing et la publicité sont des filières certes captivantes, mais sans débouchés. Elles mènent, sur un chemin sans embûches, directement vers pôle emploi. Chouette! Kikou.

D'autre part les actualités fatalistes et tragiques. Qu'il s'agisse de meurtre de sang froid, de cannibalisme, de génocides, de crise économique, de climat catastrophique, de dérèglement et même de fin du monde, comment voulez-vous envisager la suite de votre vie autrement que par un énorme FAIL. L'Homme est un looser.

Ensuite, la recrudescence de l'horreur, pour une culture de la peur. Il est un phénomène qui se fait de vieux os, mais toujours aussi solides qui reflète parfaitement ce dérèglement de l'équilibre de l'être humain, cet échec cuisant qui nous tend les mains : le culte de la peur. Entre films d'horreur plus horribles les uns que les autres, les sensations fortes et les prises de risques perpétuelles, les publicités choc, les télé-réalités terrifiantes, la peur fait partie de chacun de nous et nous met face à une réalité elle même effrayante. Une vie n'est rien. Au lieu de chercher à l'économiser, on a tendance à reproduire des actes stupides et inconscients encore et encore. On pourrait se sentir bien mais c'est tellement plus facile d'aller mal. Alors on libère de l'adrénaline jour après jour, pour se faire peur, et se sentir mieux. Frôler la mort pour se sentir vivant. Etre face à une situation tellement catastrophique qu'on apprécie la notre...

Enfin, le manque de reconnaissance,de considération, la méchanceté des gens et le regard blessant des autres. Le sentiment de se sentir observé et jugé en permanence. On vise l'excellence pour les autres, pour que rien ne soit critiquable. L'Homme veut envoyer du rêve en permanence, susciter l'envie dans les yeux des autres. Si l'altérité nous construit, elle nous détruit aussi. Un Homme seul est malheureux, les Hommes trop entourés le sont aussi. Il n'y a pas de question de juste milieu, les hommes s'auto-détruisent entre eux.
Ce qui est dur dans un échec, c'est le regard de ceux qui le constatent. Un échec vécu seul serait vite surmonté sinon.
Si l'Homme est voué à l'échec, c'est parce que c'est la seule chose qu'il retient. L'insatisfaction permanente fait de lui une personne exigeante, aigrie, incapable de constater quelconque succès.


L'échec est du à une exigence hors du commun. Chaque être se consume insatisfait de ce qu'il a produit. Mettre la barre trop haute, ou se sentir capable de plus n'est pas ambitieux, c'est suicidaire. Peut être le mieux serait-il de ne pas imaginer sa vie mais de la vivre au gré de ses envies et motivations quotidiennes. Pour cela, encore faudrait-il qu'on n'ai aucun besoin...


La relativisation est le meilleur remède je pense. Si on parvient à constater les échecs, c'est qu'on a connu des réussites. Alors quelque part, on est tous voués à l'échec. Mais avant cette échéance, on peut peupler notre quotidien de sourires, de chaleur, d'intérêt et de succès.
Pour ça, il y a des milliers de solutions, les meilleures sont les pairs.
Mais, une des libertés les plus importantes de nos jours étant la liberté d'expression, il est bien de l'exercer aussi.    Inscrivez-vous, faites un blog, racontez-vous

Good Luck.

Je m'en vais anéantir les mouches qui peuplent mon environnement. Maudis sois tu temps lourd et humide.

6 commentaires:

  1. http://www.youtube.com/watch?v=28xaKC2Iiok
    Sinon pourquoi "homme" sans h majuscule dans cet article?

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  2. Probablement parce que j'ai pas pensé à mettre des majuscules. Merci de cette notification, je vais remédier à cela immédiatement.

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  3. C'est pas possible, tu as aussi regardé "Never let me go" hier soir ou dernièrement?
    Ce fut mon cas personnellement et j'ai eu le même genre de pensée, mais un soir plus tôt (si ce n'est pas souvent en réalité). Ce qui était surprenant c'est que durant tout ce film je refusais cette idée fataliste de se conformer à ce qu'on nous donne et ce qui nous est promis, je gueulais derrière mon écran à affirmer qu'il fallait s'enfuir, qu'ils étaient trop cons et qu'on peut toujours fuir et changer de vie. Mais quand le film toucha à sa fin et que l'ultime phrase, véritable chute moralisatrice, véridique et blessante fut prononcée, les larmes se formèrent sans que je puisse les retenir pour réaliser l’irréalisable : nous terminons tous un jour.
    Cette idée me paraît effrayante, immuable et décevante, mais elle est pourtant vrai ; on meurt tous un jour, et qu'importe la vie qu'on a tenté de rendre (extra)ordinaire il y a cette fin qui nous hante et ne disparaît pas.

    Alors il faut vivre même si ça n'a finalement aucun sens, courir vers un but qui ne signifie probablement rien pour certains. Et puis ne surtout pas oublier que la vie "c'est comme une boîte de chocolats", parfois on tombe sur des bons, et parfois sur des mauvais, mais l'un a besoin de l'autre pour pouvoir être savouré.

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  4. Ta dernière phrase me fait penser, à "les amis, c'est comme les lunettes, ça donne l'air intelligent et puis, ça fatigue. Mais des fois on tombe sur des lunettes vraiment cool"

    En vérité non, je ne l'ai pas vu never let me go. C'est une pensée furtive de ma journée en fait. Un coup de mou, de blues, et puis une prise de conscience de l'échec auquel on était tous voués quoi qu'il en soit.
    C'est du à des stats pourries sur le chômage qui nous ouvrait ses portes, une perte de confiance en moi (ou l'attente d'une naissance de cette confiance qui n'arrive pas). Je me rends compte qu'on est enchaînés comme des cons à suivre un modèle de vie qui nous débecte, mais qu'on dictera à nos enfants, parce que c'est d'usage d'avoir des enfants.

    Cet échec, qu'il soit courant notre vie, ou l'échéance de cette dernière, de toute façon on aura beau dire ou faire, pour certains on sera toujours des loosers. Et puis, on finira tous par crever alors.

    A quoi bon parfois ? Pourquoi poursuivre un but en vain, qui nous ronge et nous bouffe jusqu'à la moelle, au lieu de daigner être heureux aujourd'hui, tout simplement ? La notion d'échec et de réussite se baserai uniquement sur l'aspect bonheur.

    Encore une fois, c'est par l'argent que le bas blesse, si au moins être heureux pouvait emplir les caisses...

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  5. (pas de problèmes c'est un détails)
    Je suis assez d'accord avec la pensée évoquer dans l'article.
    J'aimerais juste noter que cette vision de l'échec est aussi très culturel, il est intéressant de voir que l’échec est valorisé dans certains pays comme l'Angleterre, il est plus considéré comme une prise d'initiative, de risque.

    Sur le fait que l'on est tous voué à l'échec, que l'on suit tous un but etc... Mais zut faut arrêter de penser que l'on est enchaîné il ne tient qu'à vous, à nous de nous battre pour faire ce qu'il nous plait, bien sur il faut faire des concessions (comme travailler dans un boulot de merde trois mois pour avoir de l'argent), mais on ne trouve le bonheur qu'en faisant ce qu'il nous plait!

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  6. Je suis d'accord, hier j'ai abordé le côté pessimiste. Mais je ne suis pas suicidaire et je ne me considère pas crucifiée à mon destin ou quoi, loin de là.
    Dans mes textes je parle d'un point du vue uniquement, sans concessions, c'est pas la pensée universelle et heureusement. Je suis ravie que ça fasse débattre. :)

    "Je suis le maître de mon destin, je suis le capitaine de mon âme", je suis toujours attachée à ce dicton et je n'en démordrais pas. Mais voilà, hier, j'ai voulu aborder le côté fataliste de la chose.

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